ITW: Jean-Bapiste Daramy, champion de voile, enfant du pays

ITW: Jean-Bapiste Daramy, champion de voile, enfant du pays

Mardi 10 Mai 2022, dans le cadre de notre projet « Classes olympiques », la classe de CE1 de Victor Duruy à Biarritz a accueilli un champion de voile. En effet, Jean-Baptiste Daramy, enfant du pays, né à Saint Jean de Luz, a partagé son expérience et ses valeurs aux élèves de l’école.

Désireux de faire connaitre sa discipline au plus grand nombre, ce spécialiste des longues courses en solitaire âgé de 41 ans nous accueille dans son univers en répondant aux questions des enfants.

 

Comment as-tu décidé de devenir skipper ? A quel âge as-tu commencé et avec qui ?

J’ai commencé avec mon papa dès l’âge de 4 ans. J’ai appris au yacht club de Socoa. J’ai fait ma première course officielle à 7 ans sur un optimiste à Hendaye et ma première régate à l’âge de 12 ans.

Comment et quand t’entraînes-tu ?

Je suis ingénieur donc je ne suis pas un navigateur professionnel. J’ai fait mes études à Bordeaux puis en Bretagne, j’ai appris à travailler sur des bateaux de course. Puis j’ai trouvé du travail à Bayonne. J’ai commencé à m’entraîner dès que je pouvais, après mes heures de travail, ce que je continue de faire. Mes journées sont donc très longues, mais j’essaie d’aller en mer le plus souvent possible pour tester mon bateau.

Est-ce difficile de naviguer ?

Pour naviguer, il faut beaucoup de préparation physique, il faut être en forme tout le temps. Il faut aussi un bon bateau, qui peut mesurer de 12 à 30 mètres de long, le préparer, le réparer quand besoin, il faut donc être aussi bricoleur. Pour bien naviguer, au départ il faut choisir la bonne direction, en fonction de la météo et du vent. Il faut éviter les dangers comme les rochers, il faut éviter les mauvaises manœuvres.

Quelle est la tenue d’un skipper ?  Très souvent des bottes et un ciré.

Combien de temps peut durer une course et à quelle vitesse peut aller un bateau ?

Moi je fais des longues courses en solitaire, comme la route du Rhum : de Brest à la Guadeloupe, qui a duré 20 jours. Celle du Vendée Globe dure environ 80 jours parce qu’on fait le tour du monde, je la ferai en 2028. Finalement, un bateau ne va pas si vite, en moyenne 110 km/h au mieux mais dans l’océan Atlantique entre 20 et 50 km/h.

Prends-tu toujours le même bateau ?

Il faut avoir beaucoup de temps et d’argent pour avoir un très bon bateau. Moi je viens d’en racheter un d’occasion qui est très bien mais je sais que ce ne sera pas forcément le plus performant. Mais je compte bien améliorer mon temps de traversée, moins de 20 jours.

Peut-on tricher dans ce sport ?

Par exemple, pendant la course si on appelle quelqu’un à terre au téléphone pour avoir des informations, c’est tricher. Certains prennent des cachets pour moins dormir sur le bateau, c’est tricher. On peut s’espionner quand on est au port, on plonge pour aller voir de plus près le dessous des bateaux… Par contre je n’ai jamais assisté à du sabotage car même si on est concurrents, on reste des amis et on sait qu’on peut compter les uns sur les autres si jamais il y a un gros problème en mer.

Comment et quand manges-tu et dors-tu sur ton bateau pendant une longue course ?

On ne peut pas cuisiner sur un bateau car on n’a pas le temps et ça bouge trop. J’apporte beaucoup de sachets d’alimentation appertisée que je plonge dans de l’eau bouillante, ce sont des plats complets. Pour dormir, je fais des petites siestes de 20 minutes maximum, je m’assure d’abord que je suis loin des autres bateaux et que ma trajectoire est bonne. Je mets un réveil qui sonne très fort, je contrôle tout et si tout va bien je redors un peu. Mais on dort peu, on revient très fatigué.

As-tu déjà heurté un autre bateau, ou es-tu déjà tombé en pleine mer ? Quels sont les dangers ?

Non heureusement car si on tombe, le bateau continue à avancer, on ne peut pas remonter et on risque de mourir noyé. C’est pour cela que quand je fais des manœuvres, que je m’occupe de mes voiles, je suis toujours attaché avec un filin au mât de mon bateau. Les dangers sont les côtes, les rochers, il ne faut pas s’en approcher, mais aussi les baleines, car c’est un animal très gros qui est imprévisible, il passe sous le bateau, peut le cogner fort ou casser les safrans, les ailerons qui guident le bateau et qui sont placés sous la coque. Le départ d’une course est dangereux aussi car parfois il y a plus de 130 participants, plus les petits bateaux qui accompagnent qu’il faut éviter. Attention aussi en pleine mer, dans la Manche par exemple, aux gros cargos qui transportent des containers de marchandises.

Sinon croises-tu d’autres animaux ? Des tortues, des oiseaux, des poissons volants, des requins et des dauphins qui nagent et font la course avec le bateau.

As-tu déjà trouvé des trésors ? Pas de trésor de pirates, mais mes plus beaux trésors sont les couchers de soleil et tous ces beaux moments que je passe en mer, seul face à la nature.

As-tu été champion olympique ? Non, ma spécialité de courses longues au large n’est pas représentée aux jeux, il n’y a que des courses courtes, de vitesse sur un plan d’eau proche. Par contre, j’applique les valeurs de l’olympisme : Respect- Donner le meilleur de soi-même.

Rendez-vous en Novembre 2022 pour supporter Jean-Baptiste lors de “La route du Rhum”.

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